Yusa Yssah

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Maitre Jedi Guérisseur, Emissaire du Conseil, Biologiste
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Rituel du feu de Riflor
Rituel du feu de Riflor

Je termine mon gâteau dans une petite cantina de Riflor. L’air est sec, chargé de poussière chaude, et pourtant je garde mon esprit aussi calme que possible. Quand je me sens prête, je me lève, je traverse la salle, et je monte dans la navette banalisée de l’Ordre Jedi. Le trajet est court. À peine ai-je franchi l’atmosphère que la chaleur du sol me frappe lorsque j’atterris près du temple volcanique.

La roche vibre sous mes bottes. C’est un rythme lent, profond, comme si la planète elle-même respirait sous la surface. Devant l’entrée du temple, un prêtre m’attend. À ses côtés, deux hommes jouent sur d’immenses tambours taillés dans la peau et la pierre, faisant résonner des pulsations lourdes qui montent jusque dans ma poitrine.

Je m’incline légèrement et dis : « Je viens pour le rituel du feu. »

Le prêtre me jauge longuement, puis répond enfin : « Présentez-moi votre flamme. Nous verrons si vous êtes digne. »

Je tends la main. Une flamme vive s’allume dans ma paume, parfaitement stable malgré la chaleur ambiante. Elle ne vacille pas. Le prêtre incline la tête, satisfait.

« Montez les marches. Et attendez le gong. »

Je commence l’ascension. Les tambours reprennent un rythme plus profond, presque hypnotique. La chaleur s’intensifie à chaque marche. Elle s’insinue dans mes poumons, dans ma peau, dans mon esprit. Lorsque j’arrive sur la plateforme en hauteur, j’ai l’impression de flotter au-dessus d’une mer de lave en mouvement.

Les tambours s’arrêtent.

Le gong retentit.

Une trappe s’ouvre au centre de la plateforme, laissant échapper un souffle incandescent. Une vouivre de feu surgit, immense, serpentine, ses écailles jaunes brillant comme de l’or en fusion. Elle s’élève dans le ciel, puis commence à tourner autour de moi, lentement, presque silencieusement. Mon cœur se met à battre trop vite. Je sens la panique grimper dans ma gorge.

Les tambours reprennent, cette fois avec un rythme lent et régulier qui ressemble à un battement de cœur.

Je inspire profondément.

J’entre dans la danse.

Mes bras se lèvent, mes jambes se plient, et je laisse mes gestes suivre les mouvements que l’on m’a enseignés. Je danse comme une flamme. Fluide. Présente. Vivante. Peu à peu, la vouivre m’accompagne : ses cercles deviennent plus réguliers, plus précis. Sa respiration se cale sur la mienne. Nous sommes synchronisées, comme si un fil invisible nous reliait.

La dernière posture arrive. Je me fige, mains ouvertes, centrée.

La vouivre se pose au pied de la plateforme. Elle me regarde droit dans les yeux. Puis elle ouvre sa gueule.

Une tornade de flammes arc-en-ciel jaillit.

Par réflexe, je me protège, mais les flammes ne me brûlent pas. Au contraire, elles m’enveloppent d’une chaleur douce, enveloppante, presque maternelle. Les couleurs se mélangent, du jaune au violet, du rouge au bleu, comme si chaque nuance racontait quelque chose, murmurait une vérité oubliée.

Je laisse mes bras retomber. Je comprends. Je sens la réponse se former en moi.

« … Je comprends maintenant...  »

La tornade s’estompe. La vouivre incline la tête, puis disparaît lentement dans la trappe de pierre. Les tambours s’arrêtent brusquement. Il ne reste plus que le battement affaibli de mon propre cœur et la chaleur dans ma poitrine.

Je redescends les marches. Le prêtre m’attend. Son regard est calme, presque tendre. Il pose une main sur mon épaule et parle d’une voix grave et douce qui résonne comme un écho dans le temple silencieux.

« Le feu n’est pas la colère. Il n’est pas la violence que l’on craint. Le feu est le souffle, une vie qui demande à être guidée, jamais déchaînée. Quand tu respires dans la peur, ton feu dévore. Quand tu respires dans la paix, ton feu éclaire. Souviens-toi : le feu n’est pas ton arme. Le feu est ton miroir. Il reflète ton esprit. S’il vacille, regarde ton cœur. S’il blesse, regarde ton intention. S’il danse sans te brûler… alors tu es en harmonie. Le feu n’est jamais mauvais. Il devient ce que tu choisis d’en faire. Et si ton souffle est juste… alors ton feu le sera aussi. »

Je ferme les yeux un instant. J’écoute ses paroles s’ancrer en moi, profondes comme le sol de Riflor. Une chaleur douce palpite encore dans ma poitrine, comme une réponse silencieuse.

« Oui… merci », soufflé-je simplement.

Je regagne ma navette sans un mot de plus. Lorsque je m’envole, je jette un dernier regard au temple. Je sens que quelque chose a changé. Je ne suis plus la même qu’en arrivant.

Le feu ne m’appartient pas.
Il me répond.
Et, pour la première fois, je comprends vraiment son langage.